Amour vache.
![](https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEip4NL0mYUcvrcijofLZejgfV722yQcNtAOVkoAUCcWLRaelWyscamsp_dVJDlG2DJrxy3ZRTUwDaTnBdwkyG8mXZz7gbVoyG9dBe-UkZDPedy_rr_YQ7yq-9CxF-2X3WqYyrduEZjuBfB8/s1600/happy-kiss-lips-love-red-Favim.com-300034.jpg)
L'autre moitié du temps, je la passais à le défendre
bec et ongles et à lutter contre les qu’en-dira-t-on de tout mon monde : non il
n'est pas méchant, non il n'est pas si feignant. Si, c'est un bon petit gars.
Certes il a du carafon mais je vous jure, il a bon fond. J'étais fière de le
présenter autour de moi. Rien qu'en le voyant arrivé avec sa démarche, son
allure, sa carrure, je savais qu'il allait tous les impressionner. Je savais
qu'elles allaient toutes succomber. Le rebelle au cœur tendre qui vivait la
nuit et dormait le jour allait tous les faire chavirer.
On était bien ensemble. C'était ce qui comptait après
tout. Je l'avais trouvé. Il était comme chaussure à mon pied. Je le trouvais
beau, fougueux intelligent, malin et surtout très agile de ses 4 mains...
Démonter le canapé ne lui posait aucun problème, déballer les cartons et vider
la poubelle encore moins. Il était toujours partant pour tout. Tout le temps.
Qu'il pleuve ou qu'il vente, le jour et la nuit, j'avais à peine ouvert la
porte de notre appartement qu'il partait cheveux au vent au-devant de notre
vie, à la rencontre de l'inconnu. Il allait toujours de l'avant. Rien ne
lui faisait peur, tout était pour lui une source d'amusement. Un rien aiguisait
sa curiosité, tout était sujet d'émerveillement. Il avait appris à croquer la
vie aussi bien que dans mes mains. Nous deux, c'était tellement fusionnel que
je fermais les yeux sur tout le reste. Ses infidélités d'un soir, ses bruyantes
incartades en plein milieu de la nuit, ses repas qu'il laissait en plan au
milieu du salon, ses après-midis à glander sous la couette alors qu'il serait
tellement mieux dehors à profiter d'une vie sociale, la façon qu'il avait de
regarder de la tête aux pieds mes amis que j'avais invité, la nonchalance avec
laquelle après les avoir scruter, il partait se coucher la soirée à peine
entamée.
Je lui pardonnais tout.
Et puis un beau jour, il y eu la chaussette mouillée
de bon matin, les scènes conjugales en pleine nuit, les poils dans l'évier.
Trop, tout était trop. Il était devenu de trop. Ses cris à la fenêtre minuit
passée comme s’il était complètement bourré. J’avais beau lui montrer
mon indignation, mon ras-le-bol, ma colère, rien ne marchait. Il insistait, il
se déchaînait. La seule chose qu'il voulait, c'était resté à tout prix
dans ma vie, rentrer dans ma chambre et tester mon lit. Même mon indifférence
l'indifférait. L'espiègle minot devenu vieux et mou me donnait l'envie de lui
tordre le cou. Inactif comme le peu d'amour qui dormait en moi en souvenirs
d'un autrefois, tout chez lui me fatiguait. Agacé dès que je quittais la
maison, avide dès que j'ouvrais une porte de placard. Trainant des quatre fers et
râleur, il me suppliait partout tout le temps. Il n'était plus le même.
Les souvenirs d’avant sont restés mais ses poils
accrochés sur les pans du lit, ses traces de griffe sur le tapis, ses dents
gravées à jamais sur mon poignet ont eu raison de mes sentiments. C’est ce que
j’ai essayé de lui expliquer en lui servant une ration de ses croquettes
préférées : toi et moi, c'est terminé. Ronronnant mielleusement, il m'a
lancé un dernier regard perçant en montant à pas de chat les marches de l'escalier
menant droit devant à l'endroit rêvé : à ma place, sous ma couette, dans mon
lit, dans ma maison.
Temps de chien, vie de chat
et amour vache.
Commentaires
Enregistrer un commentaire