J'arrive.
A peine le rayon de
soleil a percé, que nous sommes tous assoiffés, impatients, enjouées et
excités à la simple idée de pouvoir respirer. Humer à nouveau l'air
frais de ces longues soirées. A pleins poumons, le nez en l'air, les
pommettes rougies de ce plaisir retrouvé : s'abandonner entièrement à
l'air libre et s'enivrer sous la délicate caresse du soleil. Ces vitres
givrées, ces longues nuits, ces matins noirs, ces écharpes râpeuses, ces
cols qui grattent, cette peau qui tiraille. C'était le prix à payer
pour enfin y arriver. Ce jour où tu sens qu'il ne manque plus
grand-chose pour claquer la porte, rouler la fenêtre ouverte en
regardant les mouvements du soleil qui se dessinent haut dans le ciel
comme pour te dire que la journée est loin d'être finie.
Comme
tous ces assoiffés, j'ai ouvert ma fenêtre. Comme pour leurs dire de
rentrer. Comme pour les supplier de venir dans mon bureau, me frôler
l'épiderme, m'hérisser les poils et me réchauffer le dos. Maudit soleil
que j'ai dans la peau. Comme tous ces impatients, je suffoque sans ces
rayons de soleil, ces brins de vie, ces brumes légères. Rien que
d'entendre ces frémissements familiers, ces fourmillements de vie, je
suis impatiente d'en avoir terminé. Avec ce clavier, avec cette journée
enclavée sous l'air lourd des machines informatiques, avec cette routine
cloisonnée par l'ambiance aseptisée de la machine à café. Hâte d'en
finir pour enfin respirer dehors, vivre loin et donner vie, moi aussi, à
ce bruit qu'on aime tant.
Ce bruit de la vie extérieure qui vient jusqu'à moi me rappeler que bientôt je pourrai aller m'abandonner sur une terrasse les yeux mi-clos en regardant le soleil prendre tout son temps pour se coucher sur cette première journée de printemps. Rien que t'entendre ce bruit de vie animée et de grandes foulées, juste là sous mes pieds quelques étages plus bas, cela me donne l'énergie de continuer, de lutter, de tenir dans la perspective de pouvoir bientôt goûter à ce fugace intense de plaisir.
A en rougir. A s'en mordre les lèvres de plaisir.
Ce moment si particulier où enfin tu as réussi à t'échapper. Celui où enfin tu goûtes à la liberté, que tu ouvres délicatement la fenêtre de ta voiture pour laisser l'air libre entré et s'emparer de toi. Ce délicieux moment qui t'annonce que ta deuxième journée va commencer. Fougueux printemps et soyeux rayons de soleil des grands soirs d'été, attends-moi, encore quelques mois et je serais à toi. Doux bruit de la vie juste derrière la vitre, attends-moi.
J'arrive.
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