Avec scoumoune.

Après un bon petit déjeuner, sans l’ombre d’une tartine qui tombe sur son mauvais côté, aujourd’hui s’annonce. Et pourtant, aujourd’hui, ça sera sans. Sans foi, ni loi. 

Avec scoumoune.

Sans l'horoscope qui t'affiche la couleur : "Soyez plus ouverts d’esprit. Prenez les choses en main si vous voulez que ça change." On se passerai bien de tes commentaires Madame Soleil.  

Sans le feu qui passe à l’orange alors qu'il te reste 2 minutes 32 secondes pour avoir ton train.

Sans la mamie à la canne qui décide de traverser juste quand c’est à ton tour de passer alors qu’il te reste 1 minute et 50 secondes pour te garer, marcher 2 km, passer sous les rails et trouver une place dans le train. C’est donc râpé, tu prendras le prochain.  Merci Mémé.

Sans le seul siège libre dans le train, à côté du mec qui a oublié de se laver les dents depuis une semaine, siège qui plus est dos à la route. Mon estomac n’est pas emballé mais mes jambes se précipitent.

Sans le Tupper qui prends la liberté de s’ouvrir dans ton sac. Le jour où c’est petits pois.

Sans la porte du métro qui te claque sur le nez.

Sans la place libre qui te passe sous le nez. Il te reste le couloir bondé, c’est bien aussi.

Sans la voisine de couloir bondé qui raconte sa vie à tue-tête à sa copine. Et à toute la rame accessoirement.

Sans le yaourt qui te sert d'unique repas et qui a congelé au fond du frigo.

Sans la maison de vacances qui te fait de l’œil depuis des semaines et déjà bookée lorsque tu décides enfin à réserver.

Sans ta chef qui passe dans ton bureau au même moment où tu comptes les oiseaux par la fenêtre.

Sans le mail envoyé par un client à 17h38 qui précise "Urgent" dans l’objet avec un smiley. Avec ta chef en copie surtout.

Sans le touriste qui se plante à gauche de l’escalator et qui t’empêche de passer.

Sans le mec qui ressemble à Jude Law qui passe au moment où tu frôles l'accident bitume.

Sans la canette de coca offert gratuitement à tous ceux qui sortent de la rame de métro. Pas celle où tu es sortie, l’autre. Evidemment.  

Avec un soupir de soulagement, la mèche de cheveux collée sur le nez, le souffle coupé, tu arrives enfin à te jeter sur un siège pour rentrer chez toi. Tiens, tu te demandes si la chance ne serait pas en train de tourner en ta faveur quand tiens tu réalise que t'as oublié les clés de chez toi au boulot. Définitivement, aujourd'hui ça sera sans. Sans tous ces sans, ça aurait pu être avec. Mais ça sera sans. Une journée sans. Mais avec grosse scoumoune et petits tracas. Ca tombe bien aujourd'hui c'est sans mais avec cours de yoga. 

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