Moi, j'suis pas prêt.
Palpitations
cardiaques, oreilles qui bourdonnent, vue qui se brouille. Assise
sur la cuvette des toilettes, tu as les pieds dans le vide et la tête qui
tourne. Ou la tête qui se vide et les pieds qui tournent. Un trait qui annonce
la couleur. Puis c’est l’onde de choc. Entre pleurer ou rire, on est obligé de choisir ?
Ton cœur balance mais tu te dis que c’est peut-être ça, la vie qui avance. Quand
tu l’annonces, le masque tombe : de la fierté, de la joie, de la surprise, de l'émerveillement et
puis aussi de l'inquiétude. Toi tu te dis : «Tu ne sauras pas mieux faire demain ou dans 10 ans alors aujourd’hui ou demain ». Et il y a ceux
qui te disent : «Moi, je ne pourrai pas, je ne suis pas prêt ».
C’est
bien connu, toi un matin, tu te réveilles en te disant : tiens, et si je
troquais tous ces apéros entre potos pour des séances rototo, toutes ces nuits pleines de
sommeil pour des yeux pleins de cerne, toutes ces délicieuses grasses matinées pour
des couches bien grasses ? Soyons
honnête, toi non plus, tu n’es pas prêt. T’es comme tes potes, tu veux rester
jeune, beau, innocent et surtout libre. Libre de tes mouvements. Libre de tes deux bras. T’es comme tes
potes, tu veux profiter à fond de la vie. Croquer la vie. T’es comme tes potes
à un tout petit détail près : t’es pas prêt mais maintenant t’as plus le choix.
Neuf
mois c’est bien, finalement.
La rupture avec ta vie fraîche et innocente se
fait en douceur. A part le verre de rouge et la cigarette que tu as dû quitter précipitamment
au détour d’une ruelle, un soir de beaujolais nouveau, tu as le temps de dire au revoir aux dimanches loques-lendemain de cuite-canapé, de remercier les
bains-manucure-gommage pour tout ce qu’ils ont pu t’apporter et leur dire
comment ils ont pu te relaxer…et surtout oh combien ils vont te manquer. Tchao
tchao plaisirs individuels. Goodbye moments égoïstement bons. A bientôt peut
être, rendez-vous dans 1 an ou dans 10 ans sur la place des grands hommes devenus adultes
responsables…
Un
ventre qui gonfle, un cœur qui bat là tout bas, un visage qui se
dessine, un prénom qui se devine… On peut le
dire, on peut le penser, on peut l'imaginer mais réellement, on est encore bien loin de la réalité. C’est
la prise de conscience que j’ai eu hier soir en imaginant des petits bras et un grand sourire derrière chaque mini vêtement que l'on me donne : « Merci, c’est joli mais c’est pourquoi faire ? C’est pour qui ? ». Je viens à peine de prendre conscience de ta future existence mais j'ai encore pas réalisé que je vais devoir t’habiller,
t'endormir, te faire vivre, te nourrir, te voir grandir…. C’est peut être au programme du second trimestre de
la grossesse ? Ou dans le dernier chapitre du bouquin «Comment devenir Mère »
? Ou j’ai peut-être raté un cours fondamental de biologie quand j’étais en 5ème ?
Finalement,
on n’a plus le choix mais il nous reste encore le temps. Neuf mois, c’est le
temps qu’il te faudra pour arriver et nous, pour nous préparer.
Merde,
il ne reste déjà plus que 4 mois.
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