Elle.
Complice, elle recueille
tes grands doutes, referme tes petits secrets et dissimule tes gros chagrins
depuis toujours. Surtout, elle conserve bien au chaud les frasques de joie, les
éclats de rire et les tranches de vie qui restent gravés comme d’impérissables
souvenirs. Fidèle, elle ne révèlera jamais tes trésors cachés. Décor
d’indénombrables pièces de théâtre que tu t’es joué tout seul dans ta chambre,
spectatrice d’interminables sermons que tu as supporté en plein milieu du
salon, témoin des improbables cachettes, que tu as bâti au fond du jardin,
surveillées par une armée de nains de jardin, observatrice silencieuse de tes
peurs que tu as planqué courageusement au fond de ta couette…
Ta
vie bouge. Tu changes un peu plus chaque jour. Dehors c’est la tempête. La vie
te bouscule comme une tornade et c’est à cet instant que tu te rends compte
d’une chose : elle est la seule. La seule qui ne change pas, l’unique qui reste
impassible au fil des années. Tout se transforme doucement autour de toi. Tout
sauf elle. Elle demeure paisible et solide. Fiable et surtout indestructible.
Tu la reconnaitrais les
yeux fermés parmi des dizaines, tu connais par coeur la moindre de ses
aspérités, la moindre de ces failles : la petite écorchure dans la
montée d’escaliers, le carreaux cassé au dessus de l’évier, le peinture
écaillée prés de la porte d’entrée. C’est un peu l’âme de ton enfance qui reste figée entre ces quatre murs et qui malgré tout, te rassure. Un nouvel objet fait son apparition, un
ancien donne sa démission : rien ne t’échappe car cette douce chaumière
enracine un peu plus chaque jour le décor de ton enfance.
Une âme d’enfant, un cœur
tendre et des murs éternels.
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