Vie virtuelle.


L'annonce est tombée comme un couperet : "Je quitte facebook". Le ton est assuré, les mots sont sobres, le verdict sonne le glas : il s'en va, claque la porte, se retire de la vie virtuelle et fait de ses 352 amis facebookiens des orphelins. Lorsque tu as reçu ce message d’un tes contacts, tu as d’abord cru à une blague. Espèce de petit farceur.


Comment ce boute-en-train surdynamique qui alimente l’actualité facebook de vidéos, de pseudos et de photos à gogo peut-il soudainement tirer sa référence ? Son message est tellement solennel que tu as l'impression de perdre un vieil ami. C’est à ce moment que tu prends conscience de l’ampleur du phénomène : quitter facebook, c’est un peu comme disparaître de ce bas monde. Absolument dingue et complément aberrant me diriez-vous mais c’est vrai. Si demain tu quittes toi aussi facebook, au début on te dira « C’est bien mec, t’as raison. Moi aussi j’y songe » puis deux semaines après on te dira « Oh et puis merde, si t’étais sur facebook, tu serais au courant ». Au courant de quoi ? Des événements de la vie qui se passent dans le monde virtuel en bleu et blanc des petits gens.

Chouette gars, va.

Au revoir les amis virtuels, bonjour la vie réelle. Après avoir accusé le coup, tu te dis finalement rien de bien choquant et quoi de plus normal. Il quitte facebook car il a sûrement bien mieux à faire de son temps que d’actualiser sa page facebook tous les quarts d’heure. Enfin un qui ne passera plus à côté des petits plaisirs bien réels de la vie. Ce gars va pouvoir enfin poker gentiment ses amis de la main, les aimer en leur disant et en les regardant en face, les prendre en photos et les garder bien au chaud juste pour lui, leur téléphoner pour prendre des nouvelles au lieu de commenter leur dernière activité.

Bref, enfin un qui redevient bien vivant. 

Chic type, finalement. Ce petit bonhomme qui postait des photos de lui au bord de la piscine tous les dimanches, dés qu’un rayon de soleil lui donnait l’occasion de sortir son caleçon et ses Ray Bans, celui qui te postait un jolie selfie de lui le samedi soir pour te monter que c’est un mec hype qui va à des soirées branchées, oui celui-là vient de grimper dans ton estime. Car même si sa petite page facebook pleine de jokes, pokes et soirées coke vont te manquer, c’est pour la bonne cause : son bien. A défaut de savoir comment il va virtuellement tous les jours, tu pourras réellement prendre de ses nouvelles un de ces jours. 

Une semaine après, tu lui aurait bien dit « Bon vent mec, profites » tout en rajoutant un « Bien joué, t’as bien raison. Moi aussi j’y songe… » mais c’est à ce moment là que tu as aperçu son profil : « Dernière connexion : il y a 10 minutes ».

Espèce de beau parleur. 

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