Une petite correction


Les pieds en éventail, tu t’apprêtes à te pavaner dans la paresse. Les yeux mi-clos, tu es en train de t’abandonner avec allégresse quand elle décide de débarquer sans rien demander. Elle se pointe là, sous ton nez. Sans bruits. Elle n’a pas besoin de faire d’éclats pour que tu la sentes tout prés de toi. Rien que de la voir, tu veux déjà qu'elle quitte ton champ de vision. Rien que de la sentir, ça te met sous tension. Tu lèves les yeux sur elle une première fois, histoire de lui montrer que tu as vu sa présence. Puis tu soupires, histoire de lui montrer que sa présence n'est pas la bienvenue. 

Elle n'a pas l'air de sentir le malaise. Elle a même plutôt l'air de prendre ses aises : elle reste là à te fixer bêtement en se frottant les mains.Tu ne tentes même pas de savoir ce qu’il l’amène. Tu ne réfléchis pas une seconde à ce qu’il lui passe par la tête. Tu ne désires qu’une seule chose : qu’elle ne vienne pas gâcher le moment de paresse dans lequel tu es train de te délecter et qu’elle débarrasse le plancher sans tarder. Tu restes immobile, l’air de rien. Mais devant son insistance, la situation devient gênante. Tu sors alors de ta torpeur pour lui signaler ton mécontentement. En râlant bruyamment, tu balayes l’atmosphère d’un revers de la main. Ça vaut tous les discours. Immédiatement, t’as l’impression qu'elle a compris le message. Du coin de l’œil, tu la regardes discrètement s'éloigner. A quelques mètres, elle continue de se pavaner comme si de rien n’était. Même au loin, sa présence te fatigue mais si elle respecte ton espace vital, c'est un bon compromis. A chacun, son petit bonheur. A chacun, sa zone de confort. Sauf que tout à coup, tu la vois virevolter, s’arrêter net et pivoter sec. La revoilà près de toi.


Non, maintenant elle vient carrément s’avachir sur toi. Cette fois, sans aucune discrétion. Avec conviction même, elle vient t’effleurer grossièrement, te chatouiller vigoureusement et te piquer ardemment. Par petits à coups. De manière saccadée. Ton moment de relaxation est loin désormais, elle a réussi à te mettre sous tension. Même si tu tentes encore de ne pas y prêter attention, ça en est trop. La reine de la provocation a besoin d’une petite correction. Tu l'avais pourtant prévenue. Cette fois, tu ne vas pas la louper. Tu tends la main, la regardes droit dans les yeux comme pour implorer une dernière fois sa pitié. Tu ne lui laisses même pas le temps de se retourner que tu la claques fermement. Dans le mille. En plein dans la lucarne.

C'est ce qui s'appelle faire mouche non ?





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