Pousse-toi de devant.
Et puis le temps passe. Soixante-dix petites années sont venues s'ajouter au compteur de la vie. À l'aube d'un nouvel enterrement qui les attend, ces deux petits vieux animés d'une morosité ambiante et d'une fatalité certaine se retrouvent devant la grille du cimetière. Écorchés par la vie, ces deux-là sont devenus sournois et aigris. Au détour d'une conversation sur les banalités qui remplissent leur monde et les décès qui noircissent les pages du journal, ils brassent l'instant, chassent le présent et tentent de balayer ce goût amer du temps qui passe.
"Et voilà, ce sera le deuxième qu'on enterre dans la famille en si peu en temps. Deux décès depuis le début de l'année déjà. Comme on dit, jamais deux sans trois"
"Ça sera toi la prochaine, j'en suis sûr"
"Ah bon et pourquoi ça ?".
"C'est toi la plus vieille. C'est ton tour et puis c'est tout."
"Ah mais mon vieux, la mort n'a pas d'âge."
Pousse-toi de devant, marche ou crève. La vie a laissé à ces petits vieux un arrière goût cafardeux et un humour douteux. Face à la mort qui se rapproche, c'est le jeu du chamboule tout géant qui prends les devants. Désormais, le frère et la sœur ne se font plus de cadeau. Chacun redoute le grand saut, chacun veut sauver sa peau. Il n'y plus de fratrie qui tienne, il n'y a plus de politesse, d'amour familial et de fidélité qui soient. Et les souvenirs d'enfance n'y changeront rien. Soixante-dix ans plus tard et tout fout le camp. En un crissement de dent, en un craquement de doigts, plus rien n'est comme avant.
Désormais soixante-dix bougies plus tard, c'est chacun pour soi. Certes, la mort n'a pas d'âge mais l'amour fraternel n'a plus de mémoire.
"C'est toi la plus vieille. C'est ton tour et puis c'est tout."
"Ah mais mon vieux, la mort n'a pas d'âge."
Pousse-toi de devant, marche ou crève. La vie a laissé à ces petits vieux un arrière goût cafardeux et un humour douteux. Face à la mort qui se rapproche, c'est le jeu du chamboule tout géant qui prends les devants. Désormais, le frère et la sœur ne se font plus de cadeau. Chacun redoute le grand saut, chacun veut sauver sa peau. Il n'y plus de fratrie qui tienne, il n'y a plus de politesse, d'amour familial et de fidélité qui soient. Et les souvenirs d'enfance n'y changeront rien. Soixante-dix ans plus tard et tout fout le camp. En un crissement de dent, en un craquement de doigts, plus rien n'est comme avant.
Désormais soixante-dix bougies plus tard, c'est chacun pour soi. Certes, la mort n'a pas d'âge mais l'amour fraternel n'a plus de mémoire.
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