Le tourbillon de la vie
Il y a des
noms que l'on connaît mais sur lesquels on ne peut mettre aucun visage. Et puis
au contraire, il y a ces minois sans noms, ces illustres inconnus, ces
anonymes familiers que l’on a croisé des dizaines de fois. Certains que
l'on finit même par connaître par cœur.
Autant que
gueules qui parfois tirent la tronche mais qui une fois passées sur ton chemin,
croisent ton regard, retiennent ton attention et donnent du fil à
retordre à ton imagination. En pensant à ces visages étrangers dont tu ne
connaît rien à part ces traits tirés, cette peau maquillée, cette mine fatiguée et ces yeux cernés, tu imagines
qui se cache derrière le masque de l’inconnu, tu tentes de deviner ses goûts, sa
vie, son rire, son passé, ses blessures et toutes ses envies de futur.
En les
croisant, un matin sur le quai de la gare, un soir sur un trottoir, tu voudrai leur tirer leur portrait pour imprimer et garder en
mémoire toutes ces cartes de vie de visage humain. Tous ces faciès qu'on regarde sans vraiment s'attarder sont pourtant
des bribes de souvenirs à conserver...
Pour rendre
hommage à tous ces inconnus que tu as connu, que tu as reconnu et que tu as
perdu de vue, aujourd’hui, tu as juste envie de parler d’eux, de raconter leur
visage pour leur donner vie, pour leur dire merci de les avoir croisé sur ton
chemin une fois ou dix fois peut-être...
Le voisin de palier avec ses grosses joues cachées derrière des lunettes strictes qui lui donnent
un air caustique de vieil ours mal léché, la pédiatre et ses petits joues
rosies qui lui donnent un air mutin, les yeux d'eau pâle de la pharmacienne de la
rue Longue, la fossette sournoise de ma voisine de tapis de yoga, l'air inquiet
du mec derrière moi dans les bouchons, la factrice faussement timide avec son curieux sourire, les sourcils froncés du livreur de pain dans la file d'à-côté, la vendeuse au nez crochu de la rue
Casseneuve...
Tous ces visages
dont tu ne connaîtra jamais le nom sont autant d'anonymes qui ne te sont finalement
plus si inconnus. Même si tu n’en saura jamais plus sur eux, en t’arrêtant
aujourd’hui sur leur minois pour gratter ces quelques lignes sur le papier, tu as l’impression
de les connaître. On s'est croisé, on s'est retrouvé puis on s'est séparé. On s'est connu, on s'est reconnu, on s'est perdu de vue. Et chacun pour
soi est reparti dans le tourbillon de la vie...
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