Sale journée.

Le réveil est dur. La journée s’annonce rude. Voilà qu'on nous presse de bon matin. Nous avons à peine le temps de nous réveiller tranquillement dans des draps gelés et de nous étirer de tous nos orteils qu'on nous balade sur le parquet glacé de la cuisine.
Des miettes de pain, des poils de chats, des tâches de vin. A peine levés que sommes déjà en plein parcours du combattant. Un café avalé debout ne nous laisse même pas le temps de nous remettre que nous remontons déjà énergiquement les escaliers étriqués.

Nous voilà agrippés dangereusement sur le carrelage lisse et froid de la baignoire à batailler pour ne pas boire la tasse pendant que Mademoiselle se délasse avec grâce. Réveil frissonnant, petit-déjeuner croustillant et bain bouillant, on ne pouvait pas mieux faire pour mal commencer la journée. Après avoir supporté l’agression brûlante des eaux tumultueuses de ce bain matinal, notre heure est enfin arrivée. L’accalmie tant désirée, la douceur de vivre tant méritée. Voilà qu’on nous glisse enfin dans notre écrin: une parure douillette en coton.

Enfin notre douce journée va pouvoir commencer. Bien au chaud et confortablement installés, il ne nous reste plus qu’à nous laisser bercer au rythme du programme sans ne plus rien demander. A moitié engourdis par cette douce chaleur et ce tissu cotonneux qui nous embrassent, nous savourons chaque pas comme une délicate caresse.

Finalement, cette journée ne va pas si mal se passer. Ploc. Le choc est rude. Ploc. Froid saisissant. Ploc, ploc. Soudain surgit de nulle part et sans crier gare, une flaque nous envahit de toute part et nous sort brutalement de nos douces rêveries.

Chaussettes mouillées, pieds énervés, sale journée.