Croquer dans un bichon au citron
Il y a ceux qui vont à la campagne prendre un bol d’air. Je suis de ceux qui préfèrent les bols de vie.
La ville dans toute sa torpeur et sa candeur.
Ce gamin aux bouclettes brunes qui admire la vue depuis la Basilique de Fourvière en mangeant une barre de céréales, prêt à redonner des coups de pédales pour la descente.
Ces deux jeunes qui se prennent pour Jul en fumant un cigare les pieds dans le vide et les yeux planqués derrière des verres noirs.
Ce marmot qui court devant ses frères et sa baby-sitter en criant de toute façon je vais le dire aux parents.
Cette mamie qui traîne malgré elle ses petits enfants, plus si petits, pour visiter le théâtre antique.
Cette maman qui signe son bébé pour savoir ce qu’il veut manger au goûter.
Ces deux jeunes femmes qui en sont à leur troisième café, un piercing ici, une frange bien arrêtée par là et le cœur encore troué par une énième rupture.
Cette demoiselle à talons qui rentre chez elle avec une seule tige violette dans les mains, et celle aux cheveux roses qui s’est dit après tout on n’a qu’une vie.
Et ce beau mec qui sirote tout seul sa pinte à la terrasse du pub The Smocking Dog, les pieds bien ancrés dans les pavées d’une ruelle du quartier Saint Jean, en attendant sagement que la vie lui dévoile ses prochaines surprises.
Je me lasserai jamais de me balader dans ces grandes villes où rien ne s’arrête vraiment, où l’être humain se devine derrière chaque recoin. J’aime me perdre dans ses ruelles pavées où j’inspire des tranches de vie à pleins poumons. J’aime imaginer ces bribes de vie. Ça me vide et ça me remplit en même temps. Comme une remise à niveau. Comme si tous les possibles étaient de nouveau permis.
J’ai croqué dans un bichon au citron. J’ai repris ma respiration et je suis retournée vivre la mienne.
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