La promesse du mois de juin

C’est la fin du mois de mai et je ne peux m’empêcher de guetter ce moment. Dans ma fraîche campagne, c’est la saison des foins. Vous me direz il n’y pas de quoi en faire un foin… 

 

Sauf qu’il y aura bientôt sept ans j’y ai vu ma vie défiler. Il était tout petit, branché par des dizaines de fils. Son existence était aussi incertaine que mon titre de maman de deux enfants en pleine santé. Notre vie explosait, entre l’hôpital et la maison. Entre deux nuits au milieu des bips et du battement de son cœur que je scrutais constamment, j’étais revenue à la maison renifler ma fille aînée. J’avais contemplé la curiosité et l’innocence avec laquelle elle avait passé de longues minutes à observer la danse du tracteur sous la fenêtre. L’odeur de l’herbe fraîchement coupée et de la vie qui continue m’avait gonflé d’espoir. J’avais repris la force de croire qu’un jour, lui aussi, admirerait la chorégraphie saisonnière des bottes de foins qui semblent venir se placer fièrement comme les gamins lors du spectacle de fin d’année.

 

Et puis il y a 1 ans, c’est au détour d’une balade avec mes deux aînés en pleine santé qui grimpaient inconscients sur les ballots de paille, j’ai attendu, le souffle coupé, le coup de fil du service de néonatologie pour me donner des nouvelles de ma petite dernière. J’avais aussi peur qu’il y a 6 six ans en arrière.  

 

La fin du mois de mai a définitivement une saveur particulière. Celle de la vie qui court doucement. Celle du bonheur simple et de la promesse d’un mois de juin bien vivant. Je me languis d’apprécier l’instant présent entouré des miens. Je guette impatiemment ce mois de juin où j’aurais cette année mes trois enfants réunis en pleine santé pour admirer la ronde des ballots d’herbe fauchée, le cœur léger.

 

 


 





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